Interaction cerveau machine en 2024 : espoir sérieux ou mirage inquiétant ?
Grâce aux performances de la robotique et de l’intelligence artificielle un grand nombre de start up françaises et étrangères ont développé de nouvelles technologies visant à améliorer la mobilité et la qualité de vie des personnes en situation de handicap.
L’interaction cerveau machine figure parmi les objets de recherche les plus développés.
La start up de biotechnologie américaine Neuralink du médiatique Eon Musk semble notamment avoir franchi un cap dans le développement d’un nouveau type d’implants cérébraux. Il s’agirait de permettre aux personnes souffrant de handicaps majeurs (paraplégie, tétraplégie) d’interagir avec leur environnement en utilisant des appareils numériques. Les blessés médullaires pourraient ainsi commander par la pensée des aides techniques comme un exosquelette, une prothèse, un fauteuil roulant.
Cet implant cérébral miniaturisé équipé de milliers d’électrodes, une fois inséré dans le crâne, détecterait les signaux cérébraux et permet ainsi au porteur de l’implant de retrouver une certaine autonomie.
Après la phase d’expérimentation animale, la start up Neuralink a récemment reçu l’accord des autorités sanitaires américaines pour mener ses premiers essais cliniques sur des humains.
Bien qu’enthousiasmant pour des victimes paralysées, ces développements ne sont pas sans poser des problèmes éthiques. Le premier se situe au niveau du risque encouru par les candidats à l’expérimentation humaine. La pose d’implants s’envisage de plusieurs manières dont l’une par un procédé invasif au niveau de l’encéphale qui est une zone très fragile. Mal réalisée, l’intervention pourrait léser le cerveau et rajouter aux problèmes de paralysie physique des problèmes de cognition et de communication.
Il y a quelques mois des agences de presse ont révélé que Neuralink avait fait l’objet d’une enquête fédérale, après le signalement par certains employés d’un nombre de décès animal important. Il est donc important que ces essais ne présentent pas un risque d’aggravation de la situation voire de décès.
Un autre écueil va se poser au niveau économique.
Ces procèdes onéreux créeront forcément des discriminations selon le niveau d’aisance financière des patients et de cruelles inégalités de perspective à handicap voisin.
Le dernier problème moral concerne le véritable objectif de ces recherches dans lesquelles les candidats aux essais pourraient n’être que les cobayes d’un projet qui dépasse la sphère de la réparation et du soin pour s’élargir à un marché et une opportunité de profit.
À terme, l’objectif décomplexé de Neuralink est évidemment de doter le cerveau de n’importe quelle personne d’une puissance informatique et d’améliorer ses capacités cognitives en créant une nouvelle condition anthropologique qui permettrait de passer d’une « personne réparée » à une personne augmentée.
Si l’espérance placée par les blessés médullaires et cérébraux dans les progrès de la science et de la technologie sont compréhensibles, celle-ci doit s’accompagner d’une nécessaire vigilance citoyenne pour ne pas déchanter dans un avenir proche.
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